Avancée des examens en mai, désorganisation complète des lycées en juin, perte de 170 heures de
cours, la réforme du baccalauréat professionnel imposée à marche forcée renforce la relégation sco-
laire et sociale de ses élèves. Après une préparation sous pression et incomplète pour les examens, le
constat est clair : le parcours différencié est un échec, avec des élèves qui n’y trouvent pas d’intérêt –
l’absentéisme explose – et une remise en cause du métier des professeur·es de lycée professionnel
qui subissent cette mascarade.
Créé en 1985, le baccalauréat professionnel devait répondre au besoin d’élévation du niveau de qua-
lification et permettre de dispenser une formation professionnelle jusqu’à 18 ans en permettant de
poursuivre après un CAP ou un BEP jusqu’au baccalauréat. Le tout avec une double finalité, avoir le
choix entre s’insérer professionnellement dans de meilleures conditions ou de poursuivre ses études
dans le supérieur. Or ces dernières années, de réformes en réformes, le bac pro est dévalorisé, à re-
bours de l’intérêt des élèves et d’une amélioration des conditions de travail des personnels.
Sous les quinquennats d’E. Macron, l’objectif des réformes des lycées professionnels est de les trans-
former sur le modèle de l’apprentissage, modèle plébiscité par le patronat et une partie de la classe
politique, au détriment d’une formation globale et structurante pour les jeunes. L’offre de formations
professionnelles scolaires serait dictée par les besoins immédiats des entreprises locales, réduisant la
formation à une simple réponse aux pénuries de main-d’œuvre, plutôt qu’à l’acquisition de savoirs
professionnels et d’une culture générale solides. Lors des Ateliers de la voie professionnelle 2025 des
12 et 13 juin, plusieurs intervenant·es ont d’ailleurs rappelé l’utopie de l’adéquationisme formation-
emploi. Ces deux journées ont également mis en lumière les attaques contre le bac pro depuis une
vingtaine d’années : diminution du temps de formation et augmentation du temps en entreprise, ré-
duction des savoirs et savoir-faire au profit de compétences parfois très vagues et qui renforcent la
reproduction sociale, développement de l’apprentissage avec le mixage des publics…
Disqualifiés par le Président de la République alors qu’ils ont contribué et contribuent encore à la
démocratisation scolaire et à l’élévation du niveau de qualification, les lycées professionnels subis-
sent des attaques pilotées par une vision budgétaire et réactionnaire de la formation professionnelle
initiale. Les dispositifs déployés ces dernières années réduisent les enseignements, renforcent
l’orientation précoce voire la déscolarisation des plus fragiles, à l’opposé des défis qui s’imposent,
des besoins éducatifs et de la possibilité d’une émancipation citoyenne.
Pour le SNUEP-FSU, il est grand temps que la voie professionnelle des lycées soit renforcée avec
des moyens dédiés ! Pour répondre aux enjeux industriels, écologiques et sociaux de demain, notre
pays a besoin de jeunes formé·es et qualifié·es donc de politiques scolaires ambitieuses à leur ser-
vice.
Et maintenant ? Pour stopper la catastrophe scolaire de cette année de terminale bac pro, le
SNUEP-FSU exige le retour des examens en juin et l’abandon du parcours différencié.