Conseil National du SNUEP-FSU des 8 et 9 octobre 2024

Depuis la fin du printemps 2024, le Président de la République a précipité le pays dans une instabilité suivie d’un blocage institutionnel pour poursuivre sa politique néo-libérale. Malgré le désaveu de sa politique par la mobilisation des citoyen·nes lors des élections sa nomination d’un Premier ministre de droite, issu d’un parti arrivé 5e aux élections législatives, ne peut qu’accroître la crise démocratique et interpeller la population quant au sens du vote. Déjà mise à mal par les réformes successives (LTFP, retraites, loi Avenir pro, lycées pros, Choc des savoirs, Pacte…) et un dialogue social bafoué, la démocratie est affaiblie.

En amont des élections législatives, le SNUEP-FSU a pris ses responsabilités en appelant à participer aux élections pour battre l’extrême droite et pour une rupture avec les politiques néo-libérales d’E. Macron. Si l’extrême droite n’a pas accédé au pouvoir, le danger n’est pas écarté. Ennemie de l’École publique et de son projet émancipateur, elle continue de faire de l’École et de ses personnels une cible. Pour le SNUEP-FSU, la campagne « Education contre l’extrême droite » qui regroupe la FSU, l’UNSA Education, la CFDT EFPR, la CGT Éduc’action et SUD Éducation, relancée en juin dernier doit continuer et être renforcée.

Les premières déclarations du Premier ministre et de membres de son gouvernement, notamment B. Retailleau, ne laissent aucun doute sur la politique qu’ils souhaitent mener : comme avant mais en pire. Les premières annonces dangereuses ont concerné l’immigration afin de dégrader les droits des migrant·es et remettre en cause l’AME. Ce faisant, pour se maintenir au pouvoir il accepte la tutelle de l’extrême-droite qui est ainsi placée au centre du jeu politique. Le SNUEP-FSU dénonce l’instrumentalisation des personnes exilées et appelle à stopper cette obsession migratoire xénophobe et dangereuse.

Dans son discours de politique générale, M. Barnier a confirmé le cap de l’austérité, en totale contradiction avec les besoins du pays face aux urgences sociales, économiques et environnementales. Pour cacher la responsabilité de leurs choix politiques et économiques amenant à la situation budgétaire actuelle, E. Macron et son précédent gouvernement ont mis en musique cette soi-disant inéluctable austérité. La petite mise à contribution « exceptionnelle » des plus riches et des grandes et très grandes entreprises n’est en rien un changement vers plus de justice fiscale car la priorité gouvernementale reste la réduction des dépenses publiques. Les services publics, les usager·es et les personnels en seront les premières victimes.

La situation dans les outremers est encore plus grave. Le gouvernement doit investir davantage dans les services publics et lutter contre la vie chère dans les départements et territoires d’outre-mer. En effet, dans les territoires ultramarins, marqués par des crises économique, sociale et sécuritaire, les produits alimentaires sont 40 à 78 % plus chers que dans l’hexagone. Dans le contexte du combat contre la vie chère, la Martinique est marquée par des évènements graves depuis la mi-septembre. L’État ferme les yeux sur les situations de monopole de certaines entreprises. Le gouvernement doit apporter des réponses fortes immédiatement pour assurer la continuité territoriale en outre-mer et tout mettre en œuvre pour se rapprocher de l’auto-suffisance alimentaire.

Pour les agent·es des services publics, le Premier ministre n’envisage pas seulement un gel des salaires : suppressions d’emplois et accroissement de la pression complètent le tableau. L’exemple du recours aux enseignant·es retraité·es volontaires pour remplacer les enseignant·es absent·es ou tutorer les entrant·es pourrait être cocasse mais il révèle surtout son mépris envers les agent·es des services publics.

En reportant la revalorisation des retraites de base au 1er juillet 2025 plutôt qu’au 1er janvier, comme le Code de la Sécurité sociale l’y oblige, le gouvernement dégrade une nouvelle fois le pouvoir d’achat des retraité·es. Depuis 2017, les pensions ont été revalorisées de 13,6 % pour une inflation à 19,5 %.

Le SNUEP-FSU dénonce le désarmement fiscal, cause du déficit de la France, alertera sur les conséquences de l’austérité et diffusera l’argumentaire sur la justice fiscale développé par la FSU. Il continuera notamment à décrypter le financement de l’apprentissage pour exiger un redéploiement de ses moyens vers l’enseignement professionnel public. En priorité, dès 2025, un premier milliard d’euros pour les lycées professionnels afin d’augmenter les salaires des personnels, restituer les heures supprimées par les réformes Blanquer-Grandjean et développer l’offre de formation CAP-bac pro.

Dans les lycées professionnels, les classes entrantes ont fait le plein. Malgré du « surbooking » pratiqué dans certaines académies et l’augmentation de places dans les filières du tertiaire, près de 10 000 élèves sortant de 3e étaient encore sans affectation en lycée professionnel une semaine après la rentrée. Dans les classes, la part des élèves à BEP augmente (dix fois supérieure à celle en LGT) sans que les moyens nécessaires suivent.

Autre difficulté toujours aussi criante : le manque de PLP. Dans deux-tiers des LP, LPO et SEP, au moins un poste ou BMP était vacant. Toutes les disciplines sont concernées. La précarité s’accroit dans nos établissements : en 2023-2024, 18,3 % des enseignant·es de LP étaient des non-titulaires (10 % en 2017-2018). Pour le SNUEP-FSU, mettre fin à la crise d’attractivité nécessite une loi de programmation sur les salaires, une amélioration des conditions de travail ainsi qu’un plan pluriannuel de recrutement de nouveaux personnels et de titularisation des contractuel·les.

Dans ce contexte, la nomination d’un ministre délégué chargé de la réussite scolaire et de l’enseignement professionnel interpelle. Ses premières déclarations laissent craindre une aggravation de la politique menée contre les lycées professionnels : montée en puissance des BDE, renforcement du lien avec les entreprises, refonte de l’orientation pour davantage d’adéquationisme avec le bassin d’emploi.

Quatre ans après l’assassinat de S. Paty et un an après celui de D. Bernard, les propositions des gouvernements ne sont restées que des déclarations. Dans ces deux assassinats, c’est l’École qui a été visée et qui reste aujourd’hui visée par les obscurantistes car c’est un lieu d’émancipation. Il y a urgence à protéger l’École et prendre des mesures pour augmenter le nombre d’adultes dans les établissements et permettre leur sécurisation.

Lycées professionnels

Parcours différencié en terminale bac pro

Dès cette année scolaire, les élèves de terminale bac pro perdent 4 semaines de cours pour préparer l’examen, alors qu’ils et elles sont parmi les élèves qui ont le plus besoin d’école. Les épreuves ponctuelles sont avancées au 12 mai 2025 pour instaurer un parcours différencié en fin d’année, composé soit d’une « PFMP complémentaire », ni formatrice, ni certificative, mais gratifiée et présentée par le ministère comme un « sas de pré recrutement », soit d’une période de préparation à la poursuite d’études au sein du lycée. Pour cette dernière, les préconisations du ministère dans sa note de service de mars 2024 sont plus que floues et laissent une grande marge de manœuvre à chaque établissement pour en définir les horaires et contenus, dans le cadre de 30h hebdomadaires (dont 5h de « travail personnel »). Elles laissent également la possibilité de mixer les classes sur des cours de méthodologie, entre autres, au gré des besoins des élèves. Tout cela ne pourra que générer un grand bazar dans l’organisation de cette période, source de tensions mais aussi d’atteintes aux droits des personnels (obligations réglementaires de service non respectées, annualisation de la ventilation de service…).

Ce parcours différencié de terminale et sa préparation sont un alibi pour faire basculer les jeunes des lycées pros vers l’apprentissage et restreindre leurs souhaits de poursuite d’études. Pour le SNUEP-FSU, rien n’empêche, dès maintenant, un retour à un déroulement de l’année sur un calendrier « ordinaire » avec des épreuves en juin, et un nombre de semaines de PFMP légèrement réduit. Les élèves bénéficieraient ainsi, sur une période plus longue, d’enseignements disciplinaires pouvant les aider à la fois dans leur réussite à l’examen et leurs poursuites d’études. A terme, le SNUEP-FSU continuera d’exiger le rétablissement des heures supprimées ces dernières années, y compris pour les élèves de CAP.

Modifications des cartes des formations

Pour le SNUEP-FSU, la recherche d’une adéquation forcenée entre l’offre de formation et le bassin d’emploi, contribue à renforcer les inégalités d’accès aux diverses formations professionnelles. Elle occulte l’avenir des jeunes et leurs possibilités d’accéder à la formation professionnelle de leur choix puisque finalement, seules celles dont les supports d’emplois existent sur un territoire donné seront accessibles. Ce calibrage des filières uniquement tourné vers le bassin économique territorial est une vision archaïque et étriquée de la formation professionnelle et de nos jeunes qui ne sont plus pensés comme des élèves en formation mais comme une main d’œuvre exploitable et disponible immédiatement. L’enjeu social de la formation professionnelle initiale est effacé au profit du seul enjeu économique local de court terme.

Dans sa circulaire de rentrée, l’ex-ministre maintenait l’objectif « pour chaque région académique, de 6 % de transformation de la carte des formations par an, afin d’atteindre 25 % en 2027. » Pour cette rentrée 2024, le ministère n’a toujours pas communiqué de données. Certes, des modifications existent mais sans grand mouvement d’ampleur, avec une tendance à la coloration de formations et à l’ouverture de formations en 1 an (CS, FCIL…), diplômantes ou pas, et liées aux besoins des entreprises. En résumé, des formations diplômantes en 2 ou 3 ans sont supprimées pour privilégier des formations courtes liées aux besoins des entreprises. Le ministère leurre les jeunes en appelant ces spécialisations des « bac +1 » alors qu’elles ne permettent pas une élévation du niveau de qualification.

Au contraire de ces préconisations ministérielles, pour le SNUEP-FSU, l’offre de formation professionnelle sous statut scolaire doit être développée pour tenir compte des besoins économiques mais aussi de la demande sociale des jeunes et de l’aménagement du territoire. Les conditions de cette rentrée (effectifs dans les classes, élèves sans affectation…) sont une preuve de la nécessité d’augmenter le nombre de places disponibles pour les élèves en LP en ouvrant des formations, sans assujettir ces ouvertures à des fermetures ailleurs. De nouvelles formations industrielles doivent être ouvertes sous statut scolaire pour réellement répondre aux besoins en termes de transition écologique, numérique dans un contexte de réindustrialisation d’une partie de la production en France. Les formations tertiaires doivent être maintenues voire développées en LP et évoluer pour prendre en compte les enjeux et évolutions futures comme elles l’ont déjà fait par le passé.

Le SNUEP-FSU n’acceptera pas un projet de lycée professionnel avec une offre de formation appauvrie et n’ayant comme finalité que de répondre aux besoins immédiats des entreprises locales. Ce projet est grave pour les personnels, les jeunes mais aussi pour notre société. Les Régions doivent prendre leurs responsabilités et arrêter de participer à ce démantèlement en règle.

Pacte en LP

La rentrée 2023 a vu l’application du pacte qui, pour la voie professionnelle, proposait surtout des briques permettant le déploiement de la réforme Grandjean (11 briques sur 15). Avec seulement 36 % engagés pour au moins une mission du Pacte, les personnels ont exprimé clairement leur refus d’une mise en œuvre de cette réforme. D’autant que les missions qui ont été prises se sont limitées à ce que les enseignants réalisaient déjà (remplacements, projets pédagogiques innovants, prise en charge des élèves à besoins particuliers…). Celles dévolues spécifiquement à la réforme de la voie pro (Avenir Pro, Ambition Emploi, Options, etc.) n’ont pas eu le succès escompté.

Le SNUEP-FSU avait rapidement alerté sur les dangers de ce pacte, notamment son incidence sur les suppressions de postes, les modifications du métier et le développement de l’apprentissage. Au lieu d’augmenter sans contrepartie les salaires, le ministère poursuit sa politique du « travailler plus pour gagner plus », dégradant davantage les conditions de travail des enseignants.

Suspension du projet de modification du DNB et classes de Prépa-2de

L’ex-ministre Nicole Belloubet a annoncé, avant de réellement quitter le gouvernement, que le DNB ne serait pas remanié pour la session 2025. Elle passe le dossier à sa successeure, mais le doute plane toujours sur une possible généralisation des classes de prépa-2de.

Celles-ci accueilleraient obligatoirement les élèves, victimes d’un DNB devenu couperet, qui auraient obtenu une affectation en 2de générale et technologique ou professionnelle mais auraient échoué au brevet des collèges. En moyenne, le nombre d’élèves de bac pro qui n’ont pas le DNB est de l’ordre de 25 %, avec des pics de 50 à 70 % de l’effectif dans les filières où le taux de pression est faible. Ces classes de prépa-2de pourraient donc impacter essentiellement les élèves des lycées professionnels. Elles ont pour objectif de participer au tri social des élèves. Elles visent à inciter les élèves et leur famille à choisir le CAP plutôt que le BAC pro, à choisir l’apprentissage, c’est-à-dire le travail, plutôt que l’école.

Or, ces classes, dans le format où elles ont été expérimentées cette année, sont un flop : elles sont loin d’être remplies de jeunes dont les familles seraient volontaires et certaines ont même servi de réceptacle pour élèves sans affectation que les rectorats ne savaient où caser.

Pour le SNUEP-FSU ces classes sont également vides de contenus et leurs horaires chétifs. Il continuera donc de s’opposer à leur généralisation et à exiger la réaffectation vers les LP des moyens qui seraient susceptibles de leur être dévolus, afin d’y favoriser, par exemple, les dédoublements de toutes les classes et de réellement lutter contre les inégalités scolaires. Le SNUEP-FSU refuse le tri des élèves !

Les personnels

Salaires, carrière

Malgré l’inflation et les pertes salariales, rien n’est fait pour une réelle revalorisation des agent·es. Il avait été promis 10 % sans contreparties, mais finalement, il n’a été mis en place que des primes ou indemnités non prises en compte dans le calcul de la retraite. Le SNUEP-FSU continue de réclamer une hausse immédiate des salaires de 20 % sans aucune contrepartie ainsi qu’une revalorisation des grilles indiciaires pour rattraper les pertes subies depuis plus de 20 ans.

À la suite des injonctions du ministère, les académies ont supprimé les HSE, pour tenter de contraindre les collègues à prendre du pacte. Le SNUEP et la FSU demandent la réaffectation d’un nombre conséquent d’HSE afin de permettre aux agent·es ne souhaitant pas signer le pacte, d’être rémunéré·es pour des RCD ou des projets. Il en est de même pour les collègues formateurs SST qui doivent percevoir des HSE pour ce travail et non être obligé∙es de contracter alors même que le pacte ne doit pas servir à cela et que les textes sur les rémunérations des heures de SST sont clairs. Le SNUEP-FSU redonnera aux collègues les outils pour lutter contre les injonctions au Pacte et aux RCD, ainsi que les convocations en dehors du temps de service pour des formations.

La GIPA doit être reconduite cette année mais aucun texte n’a encore été publié pour qu’elle entre en application. En cette période d’austérité, les retards pris dans la publication de ce décret impactent bon nombre d’agent·es. Le SNUEP-FSU en exige la publication dans les plus brefs délais.

Le SNUEP et la FSU continuent de demander un accès à l’échelon sommital pour tou·tes sans barrière. Pour ce faire, il est nécessaire d’augmenter les ratios de promotions de grades, et notamment celui vers la classe exceptionnelle. De plus, la promotion vers ce nouveau grade ne doit pas se faire au mérite comme le souhaite le ministère mais dans la plus grande transparence pour les collègues avec un barème national clair.

Mutations

Sous couvert de dialogue social, le ministère tient des groupes de travail sur les Lignes Directrices de Gestion, mais lors de ces réunions, la DGRH n’a que faire des remarques des organisations syndicales et balaye d’un revers de main toutes les propositions et demandes formulées. Elle est toujours dans l’incapacité de fournir des bilans exhaustifs des mouvements précédents (POP, impact 1000 pts Mayotte…), tout comme des simulations sur les augmentations du barème d’ancienneté de poste demandé depuis plusieurs années par la FSU, et se réfugie derrière le prétexte de ne pas être des chercheurs. Les responsables de la DGRH préfèrent supprimer des justificatifs et en ajouter d’autres : suppression de la promesse d’embauche pour le rapprochement de conjoint, demande de la déclaration d’impôts commune… Que dire du mouvement POP qui est toujours déclaré comme une expérimentation mais qui va continuer et s’amplifier ? Le SNUEP et la FSU ne vont rien lâcher de leurs demandes lors du prochain CSAMEN afin que les règles soient maintenues pour toutes et tous.

Cette année encore, les affectations de stagiaires se sont faites dans la plus grande opacité avec nombre d’erreurs de l’administration centrale. Des stagiaires n’ont pas été maintenu·es dans leur académie de concours alors qu’ils/elles remplissaient toutes les conditions pour cela. Un grand nombre de demandes de révisions d’affectations ont été refusées par la DGRH sans respect des règles d’affectations et sans aucune réponse claire de l’administration aux concerné·es.

Le SNUEP-FSU continue de réclamer le retour des CAP afin de garantir un mouvement transparent et respectueux des règles.

CAPLP et Formation des PLP

Depuis l’annonce du report de la réforme de la formation initiale par l’ancienne ministre N. Belloubet, le dossier est au point mort. Le SNUEP-FSU a accueilli favorablement cette décision, mais ne se réjouit pas, car il n’est nullement question pour le moment d’un abandon définitif.

Avec des résultats de concours de nouveau inquiétants et un pourcentage de postes non pourvus qui se maintient aux alentours de 20 %, malgré la baisse du nombre de places, la crise de recrutement est plus que jamais présente.

Pour le SNUEP-FSU, il est plus que jamais temps de mettre en place un plan de pré-recrutement ambitieux, tant du point de vue salarial, statutaire que de la formation proposée.

Dans un rapport publié fin septembre sur la mise en place des EAFC, l’IGÉSR préconise l’instauration d’une obligation annuelle de 18 heures de formation continue pour les enseignant·es du second degré, en dehors des heures d’enseignement devant élèves. Le SNUEP-FSU dénonce cette préconisation d’augmentation du temps de travail : la formation continue doit être intégrée au temps de service existant.

AESH

Une nouvelle rentrée qui ne voit toujours pas la situation des AESH s’améliorer. Vu leurs conditions de travail, leur précarité et le peu de reconnaissance dont ils et elles font l’objet, nombre d’entre eux/elles démissionnent : actuellement, moins d’un·e élève à besoins particuliers sur deux est accompagné·e.

Pourtant, 3 000 postes d’AESH supplémentaires étaient prévus pour la rentrée 2024 mais les demandes d’aide et d’accompagnement des élèves augmentant, c’est nettement insuffisant.

Si la fusion des AESH et AED en ARE annoncée lors de la Conférence Nationale du Handicap d’avril 2023 a finalement été abandonnée, notamment grâce aux mobilisations contre cette mesure unanimement décriée, la perspective de la généralisation des PAS (Pôles d’appui à la scolarité) d’ici 2027 n’est pas plus réjouissante : ces structures qui vont progressivement remplacer les PIAL sont déjà déployées depuis la rentrée dans 4 départements (Aisne, Côte d’Or, Eure et Loir et Var). L’accompagnement pourra y être défini avant même la décision MDPH, imposant encore davantage de flexibilité aux accompagnant·es sur une zone géographique élargie et remettant fortement en cause la nécessité d’aide humaine pour des élèves qui en aurait eu précédemment : des élèves sans reconnaissance MDPH pourraient passer devant.

Cette rentrée voit également l’arrivée de la prise en charge financière par l’État (loi N°2024-475 du 27 mai 2024 et NDS du 24 juillet) de l’accompagnement des élèves sur le temps méridien, augmentant par avenant obligatoire le temps de travail des AESH jusqu’à 8h. Or, si la fin des multiples contrats avec les collectivités est intéressante du fait désormais de l’existence d’une seule feuille de paye, il est regrettable que cela ne permette toujours pas d’atteindre un vrai temps complet et surtout que cela soit moins rémunéré que par les collectivités. Le SNUEP-FSU rappelle surtout que cela doit rester du volontariat et que l’AESH doit pouvoir bénéficier de sa pause méridienne.

Enfin, le ministère annonce une concertation sur les parcours professionnels afin de mettre en place une VAE pour accéder à un nouveau métier d’éducateur·trice spécialisé·e au sein de l’Éducation nationale. Le SNUEP-FSU craint un système à 2 vitesses avec celles et ceux qui accéderaient à ce nouveau métier, et les autres. Il exige toujours un corps d’AESH de catégorie B avec la création d’un véritable métier qui doit s’accompagner d’une hausse des salaires, d’une meilleure reconnaissance professionnelle, d’une meilleure formation et d’une amélioration des conditions de travail pour un métier indispensable à la politique inclusive.

Droits et libertés

Droit des femmes

Alors que les conflits armés se multiplient et que les femmes et les filles sont toujours plus fortement touchées du fait de leur situation particulière dans les sociétés, parce que le viol est une arme de guerre, parce que l’accès aux soins et à l’école, indispensable pour l’émancipation des filles, est entravé voire impossible dans les pays en guerre, le SNUEP-FSU avec la FSU est et sera toujours résolument du côté des protagonistes qui œuvrent pour une paix juste et durable dans le monde.  En cette année 2024 le SNUEP-FSU exprime toute sa solidarité envers les femmes palestiniennes qui subissent de plein fouet les attaques meurtrières et dévastatrices du gouvernement d’extrême droite de Netanyahu mais aussi envers les femmes israéliennes qui luttent en leur pays et ailleurs contre cette guerre d’extermination ignoble. Soutien également aux femmes Ukrainiennes victime d’une guerre d’occupation et aux femmes Russes qui la condamnent.

Quant aux femmes afghanes interdites des libertés les plus fondamentales par des lois iniques imposées par un régime extrémiste religieux, nous devons exiger de la France qu’elle applique la décision de la cour de justice de l’UE : les femmes peuvent prétendre au statut de réfugiées « si dans leur pays d’origine elles sont exposées, en raison de leur sexe, à des violences physiques ou mentales, y compris des violences sexuelles et domestiques ». Le SNUEP-FSU demande que la France accorde plus rapidement et davantage de visas aux femmes afghanes, du moins à celles qui arrivent à rejoindre le Pakistan et l’Iran.

La situation des femmes en France est aussi préoccupante : des enquêtes révèlent que les plaintes pour viols et tentatives de viols ont augmenté de 6 % en 2023 et que dans neuf cas sur dix les femmes connaissent leur agresseur. L’affaire du procès de G. Pelicot en est une terrible illustration.

De même que les services publics de justice et de police doivent être renforcés, le service public d’Éducation a un rôle clé en termes de prévention avec l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle qui doit permettre de lutter contre les stéréotypes de genre et une société marquée par la culture du viol.

Proche orient

Après avoir mené une guerre terrible contre Gaza, qui a ravagé le territoire et tué 42 000 palestinien·es dont une très large majorité de civils, le gouvernement de B. Netanyahu s’attaque désormais au sud Liban. Le cessez-le-feu exigé par de nombreux pays doit devenir effectif pour que cessent les massacres mais aussi pour éviter la globalisation des conflits. Le président Macron s’est exprimé en faveur de l’arrêt des livraisons d’armes. Cette parole politique doit se traduire en actes (la France en premier lieu doit stopper ses ventes d’armes à Israël) au même titre que la reconnaissance d’un État Palestinien comme le recommande le droit international.

IVG 

Des manifestations ont eu lieu partout en France lors de la journée mondiale de l’avortement. Si la victoire de sa constitutionnalisation était déterminante pour renforcer son cadre juridique, le combat reste nécessaire pour toutes les femmes d’Europe pour qui ce droit n’est pas acquis ou limité. C’est pourquoi le SNUEP-FSU avec la FSU et les organisations féministes exigent que l’IVG soit inscrite dans la charte des droits fondamentaux. En France son accès reste très inégalitaire du fait des nombreux CIVG qui ont été fermés. Il y a urgence à mettre en œuvre des politiques de santé ambitieuses et des moyens à la hauteur des besoins pour rompre avec les inégalités territoriales.

Action

Le SNUEP-FSU appelle à rejoindre massivement les mobilisations contre les violences faites aux femmes. Ce fléau de société touche tous les secteurs (école, travail, justice, sphère privée….) et toutes les classes sociales. Des politiques ambitieuses doivent être menées, une loi globale doit être proposée et votée, et au moins 3 milliards d’euros doivent être alloués pour protéger les filles et les femmes des VSS. Le ministère de l’Éducation nationale a un rôle crucial à jouer et doit déployer des moyens pour renforcer cet axe dans les plans d’action Égalité. Il doit aussi mettre en œuvre les 3 journées d’enseignement à la vie sexuelle et affective à tous les niveaux de scolarité (aujourd’hui seul 15 % des journées sont effectives). Le SNUEP-FSU appelle à soutenir G. Pelicot et lutter contre la culture du viol le 19 octobre et à se mobiliser le 25 novembre journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes. 

Le SNUEP-FSU rappellera sa revendication du retour des examens en juin et d’abrogation du parcours différencié dès cette année auprès de la ministre et du ministre délégué et maintiendra son exigence d’un pilotage de la voie professionnelle scolaire par la ministre de l’Éducation nationale.

La réforme de l’année de terminale bac pro se met en place cette année. Pour faire échec au parcours différencié et à l’avancée des examens en mai, le SNUEP-FSU mènera une campagne d’informations pour populariser nos analyses et propositions. Cette campagne s’appuiera sur du matériel national (tracts, visuels, FAQ, diaporama…) pour permettre des stages, HIS et tournées d’établissements et également interpeller le grand public et les parents d’élèves. Les salaires, la carrière, les droits et plus globalement tout ce qui touche à nos métiers sont également des sujets à travailler avec les collègues, tout particulièrement l’apprentissage avec l’intégration des apprenti·es. Le travail d’enquête, de décryptage et d’alerte du Pacte doit continuer à tous les niveaux (établissements, instances, ministères). Ces campagnes et l’action au quotidien dans les académies et les établissements permettront de renforcer la syndicalisation et de rassembler autour de notre projet pour le lycée professionnel.

Cette campagne pour une autre année de terminale bac pro contribuera à la construction de mobilisations, y compris par la grève, dans un cadre intersyndical.

Dans la mesure de ses possibilités locales d’implication, accompagné par l’intersyndicale nationale GRETA, le SNUEP-FSU participera à l’organisation d’assises régionales des GRETA, dans la perspective des assises nationales qui seront organisées au printemps 2025 par l’intersyndicale nationale GRETA.

L’austérité budgétaire n’est pas inéluctable. Le SNUEP-FSU popularisera les analyses fédérales, en lien avec des associations comme Attac, sur les finances publiques asséchées par les politiques néo-libérales et sur les solutions de recettes et justices fiscales. Cela s’articulera avec la diffusion de nos revendications pour les salaires et les carrières (stages, HIS, tracts, visuels…), notamment pour le redéploiement des moyens du Pacte et les modalités d’accès à la classe exceptionnelle.

Le SNUEP-FSU s’adressera aux ministres et aux parlementaires pour exiger une augmentation du budget de l’enseignement professionnel public : 1 Md € dès 2025. Il portera également la nécessité d’augmenter les subventions de crédits pédagogiques actuellement insuffisantes pour réaliser le suivi des PFMP.

Le SNUEP-FSU s’inscrit pleinement dans le travail amorcé par le Collectif pour l’école publique laïque sur les voies de sortie du financement public de l’école privée. À l’heure des débats budgétaires, il mènera aussi une campagne contre le développement et le financement des écoles de production, établissements privés hors contrat pourtant financés massivement par l’argent public.

Le SNUEP-FSU soutient la campagne du G9 (groupes de 9 organisations et syndicats de retraité·es) pour la défense du pouvoir d’achat des retraité·es et la revalorisation des pensions, pour la défense de tous les services publics, du système de santé et de l’accès aux soins, notamment la journée d’information et d’alertes du 9 octobre et la perspective d’une action de mobilisation en novembre.

Le SNUEP-FSU soutient la mobilisation dans la durée du SNPES-PJJ/FSU avec l’intersyndicale de la Protection judiciaire de la jeunesse pour obtenir l’intégralité des moyens nécessaires au bon fonctionnement de ses services.

Avec la FSU, dans le cadre du Collectif national pour une Paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens, le SNUEP-FSU soutient les mobilisations pour un cessez-le feu immédiat à Gaza, le retrait de l’armée israélienne, la fin du blocus et de la colonisation, ainsi que pour l’arrêt immédiat de l’attaque israélienne contre le Liban.